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L’Europe et la France : retour sur terre

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Le verdict des élections européennes du 25 mai en France, qui ont placé le Front national en tête, aura naturellement marqué les esprits bien au-delà de nos frontières.

La droite ou l’extrême droite europhobe est certes aussi à la première place au Danemark et au Royaume-Uni, mais ces pays ne sont pas à l’origine de la construction européenne et n’y jouent pas un rôle aussi central que la France. Circonstance aggravante : les dirigeants de l’UKIP et du Parti du Peuple Danois ont indiqué qu’ils jugeaient le FN infréquentable… De quoi rappeler au passage le caractère très divisé des partis europhobes, qui devraient exercer une influence d’autant plus réduite au niveau communautaire, malgré leur progression en nombre de sièges.

La France émerge de ce scrutin avec un déficit d’image, mais aussi avec un déficit d’influence au niveau européen : les Français n’ont accordé qu’un tiers de leurs votes aux deux principaux partis de gouvernement (PS et UMP), alors que cette proportion dépasse les 50% dans la plupart des autres pays de l’UE et atteint presque 2/3 en Allemagne. Un quart des Français ont choisi d’offrir un « programme Erasmus » (de luxe) à une vingtaine de cadres du Front national, qui pourront découvrir l’Europe sans peser réellement sur ses décisions. Seulement 33 des 74 députés européens élus en France siégeront dans les groupes politiques « PPE » et « S&D », qui demeurent dominants conformément aux suffrages de la grande majorité des Européens. C’est désormais sur la base de négociations entre ces deux grands groupes, voire celui des Libéraux et/ou des Verts que devrait être pris l’essentiel des décisions du nouveau Parlement européen, à commencer par celles conduisant à l’investiture du futur président de la Commission, sur proposition du Conseil européen.

La campagne ayant conduit à ces élections européennes a été particulièrement courte en France, en raison des élections municipales du mois de mars. Elle aura suscité quelques débats intenses et au final conduit à une augmentation bienvenue du taux de participation, qui a également cessé de décliner au niveau européen. Ce recul de l’abstention pourra peut-être inciter les commentateurs à moins se focaliser sur un déficit de participation qui est le reflet logique du déficit de pouvoirs du Parlement européen et de l’UE au sens large.

C’est d’ailleurs l’une des rares bonnes nouvelles de ce scrutin européen, dont les résultats appellent plus que jamais à « redresser la France », tout en ne rendant guère plus aisée la tâche de « réorienter l’Europe » en fonction des souhaits formulés à Paris.

La France va certes être considérée pour un temps comme un pays qui a la tentation de voir « l’Europe » comme la source de tous ses problèmes, notamment économiques et sociaux, alors même que l’extrême variation des niveaux de chômage, de croissance, de soldes commerciaux et de déficits publics dans l’UE rappelle que c’est d’abord au niveau national que l’essentiel des problèmes prend sa source. La bonne nouvelle, si l’on veut bien revenir sur terre après cette brève campagne, c’est donc aussi que l’essentiel des solutions à ces problèmes sont aussi en France, c’est-à-dire notre portée, pour peu qu’on se donne les moyens de les adopter.


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